Nice. Questions sur le massacre.
Comment ne pas revenir sur le massacre commis jeudi dernier à Nice. Nous avons tous en tête les scènes d’horreur, les familles endeuillées, les enfants arrachés à la vie. A ces hommes et à ces femmes, Niçois mais aussi venus d’ailleurs, de France et de l’étranger, notamment de Tunisie, toute notre compassion.
Tant de morts, tant de sang alors que la nuit s’annonçait belle à la lueur du feu d’artifice tiré en l’honneur du 14 juillet !
L’émotion doit-elle interdire la réflexion, les interrogations ? Je ne connais pas, nous ne connaissons pas les résultats de l’enquête. Mais des questions se posent à moins de gober naïvement la vérité imposée.
Posons-les ces questions
- Il y a peu encore, l’ancien maire de Nice, Christian Estrosi vantait sa ville ultra-sécurisée aux 1000 caméras placées à chaque coin de rue. Il affirmait que « les frères Kaouachi n’auraient pas pu passer trois carrefours » faisant référence aux attentats de Paris. Alors, comment expliquer qu’un camion de 19 tonnes ait pu pénétrer sans problème sur la Promenade des Anglais ?
- Pourquoi la précipitation ? Le carnage à peine terminé, Hollande, Valls vite rejoints par la caste politico-médiatique qualifiaient l’acte comme celui du « terrorisme islamiste ». Sans retenue, sans la moindre preuve, déclenchant les pires discours racistes et fascisants.
- Pourquoi rétablir l’état d’urgence 12 heures après avoir annoncé sa suspension alors qu’il a démontré son inefficacité à Nice et ailleurs ?
- Pourquoi ne pas fustiger le comportement indigne de plusieurs médias qui ont rivalisé dans l’ignominieux en privilégiant la recherche de l’image sanglante et l’utilisation voyeuriste du malheur des victimes ? Avec micros tendus complaisamment aux représentants du Front national ?
- Pourquoi, dès le départ, faciliter la récupération du carnage par les fascistes-intégristes en ne prenant pas en compte le profil du tueur ?
- Qui peut affirmer qu’il s’agit d’un « soldat de Dieu » comme le déclare le prétendu « état islamique » bien content de faire parler de lui. Ne s'agit-il pas plutôt d’un fou furieux malade mental passé à l’acte dans un contexte se prêtant à une dimension spectaculaire sous l’influence d’événements récents ?
Le terrorisme reste une menace réelle. Mais à force de tout mélanger on verse dans l’absurde ouvrant la voie aux candidats, conscients ou pas, à l’action barbare.
Les racines du mal, les racines du terrorisme passent à la trappe. Oubliées les guerres en Irak, oubliés l’aventure de la France en Libye. Oubliés les appels aux guerres de religions. Oublié le conflit israélo-palestinien. Oubliés les assassinats de masse quasi-quotidiens en Irak. Oubliés les réfugiés fuyant les guerres. Les monstres engendrent des monstres. Pas seulement du côté des fascistes-intégristes.
A force d’utiliser les drames à des fins de minables calculs politiciens, à force de mener une course politico-médiatique irresponsable, un boulevard est ouvert aux pires manifestations fascisantes, aux pires forces brunes. En France et au delà.
José Fort