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Urgence pour les urgences

Au lendemain des attentats du 13 novembre, des hommages, nombreux, ont reconnu le dévouement des urgentistes et des personnels des services publics de santé. Pourtant la situation se dégrade dans les hôpitaux. En septembre les urgentistes alertaient une nouvelle fois les pouvoirs publics et proposaient des solutions. C'est plus actuel que jamais.

Cet été, faute de médecins, plusieurs services d’urgences ou de Smur ont été fermés totalement, comme à Valognes (Manche), ou partiellement, comme à Firminy (Loire), Saint-Vallier (Drôme) ou à Mantes (Yvelines).
Cette situation était prévisible et les urgentistes avaient alerté les pouvoirs publics de ce risque au moment de leur mouvement de grève de décembre 2014. Mais rien n’a été fait et nous pouvons constater que l’incurie de l’État met la population en danger.

Manque de généralistes

Les causes de cette situation sont multiples et ont été largement expliquées par les urgentistes depuis 15 ans. Il s’agit de l’impossibilité pour de nombreux patients de trouver un médecin disponible dans un délai raisonnable et qui se rendent par défaut aux urgences. La fin de l’obligation de la garde des médecins généralistes, décidée en 2002, a eu des conséquences redoutables mais très prévisibles : 12 millions de passages dans les services d’urgences en 2002, 18,5 millions en 2014. Et qu’on ne nous parle pas des abus de gens qui se rendraient pour rien aux urgences. Ce comportement est très minoritaire. La majorité des patients qui se présente a besoin de voir un médecin rapidement. Ils ne viennent pas par plaisir mais parce qu’ils sont réellement malades ; même s’ils ne sont pas à l’article de la mort.


Le deuxième élément important est la réduction du nombre de médecins formés pendant presque 20 ans. Là aussi le constat est sans appel : 40 000 médecins, soit un médecin sur 5 exerçant en France, ont obtenu leur diplôme à l’étranger. De plus, dans notre pays, nous maintenons un barrage à l’entrée des études obligeant de nombreux jeunes à partir à l’étranger, notamment en Roumanie.

Fuite des urgentistes

Il existe de fait un système de vase communicant entre la médecine de ville et l’hôpital. La baisse continue du nombre de généralistes et leur inégale répartition sur le territoire entraînent une hausse continue de la fréquentation des urgences. Pour les personnels, cela se traduit par une tension permanente qui les épuise. Si nous examinons la situation depuis le début de l’année : l’épidémie de grippe, puis la canicule et maintenant la fermeture de certains sites qui reporte l’activité sur les autres hôpitaux déjà bien occupés. La conséquence est, depuis 2 à 3 ans, une fuite des médecins urgentistes qui abandonnent cette spécialité ou sont débauchés par les cliniques privées à but lucratif comme dans la Loire. Aujourd’hui nous avons des hôpitaux avec des locaux, un panneau « Urgences », mais plus de médecin pour accueillir les patients !

Il est donc nécessaire que le Gouvernement se soucie de cette situation, écoute enfin les professionnels et prenne des mesures immédiates, au risque de voir le cas de Valognes se répèter à une plus grande échelle dans les mois et années à venir.

Sauvons les urgences

Premièrement, il est indispensable que l’accord sur le temps de travail obtenu par les urgentistes avec l’Amuf et la Cgt soit appliqué dans les meilleurs délais. Que penser de la sincérité d’un gouvernement qui signe un accord en décembre pour une application au 1er juillet et qui ne publie la circulaire d’application que le 20 juillet ? Cette situation est particulièrement scandaleuse ! Il ne s’agit que de mettre à exécution, en France, la directive européenne sur le temps de travail qui limite sa durée hebdomadaire à 48 heures. Les urgentistes confrontés à une pénibilité importante de leur exercice en rapport avec les contraintes horaires du travail de nuit, les week-ends et les jours fériés, attendent avec impatience cette amélioration. S’ils étaient déçus, il est clair que le mouvement de défection s’accélérerait.

… et le système de santé

Deuxièmement, les urgentistes réclament une remise à plat de l’organisation de notre système de santé pour diminuer le nombre de passage aux urgences. Cela nécessite de former plus de généralistes et d’améliorer leurs conditions de travail et de revenus. Comment se fait-il que le généraliste qui a souvent un travail très difficile gagne 2,5 fois moins qu’un radiologue dont l’exercice est moins contraignant ? Par ailleurs, il est clair que la liberté d’installation telle qu’elle existe aujourd’hui ainsi que la rémunération à l’acte sont des freins majeurs.


Oui, il y a « Urgence pour les urgences », mais plus globalement pour l’ensemble de notre système de santé. Face à la purge budgétaire imposée chaque année par les lois de financement de la Sécurité sociale, la dégradation est lente mais continue. Des mobilisations sont nécessaires pour imposer une autre politique dans ce domaine. La Cgt ne manque pas de propositions qui ont été déclinées auprès de l’ensemble des candidats lors de la dernière présidentielle. Elles sont disponibles sur le site de la Cgt : http://www.cgt.fr/-Systeme-de-sante-les-propositions-.html

Dr Christophe Prudhomme
Médecin urgentiste au Samu de Seine-Saint-Denis,
porte-parole de l’Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (Amuf).

Article paru dans Vie Nouvelle en octobre dernier.


LA VACCINATION CONTRE LA GRIPPE

Attention, les erreurs commises par nos gouvernants et utilisées par les ligues anti-vaccination ont entraîné une baisse du taux de couverture vaccinale dont les conséquences risquent d’être redoutables. Elles se font déjà sentir avec des cas de décès liés à la rougeole en Europe, alors que nous pensions cette maladie éradiquée à l’orée du 21e siècle.
Il faut rappeler avec insistance que la vaccination est la mesure qui a sauvé le plus de personnes dans le monde au 20e siècle, bien plus que tous les autres médicaments réunis. Alors oui, les vaccins sont des médicaments et comme tous les médicaments, ils peuvent avoir des effets secondaires. Mais le rapport bénéfice/risque est très largement en leur faveur.
Le vaccin contre la grippe, du fait du caractère mutant du virus, a une efficacité variable d’une année à l’autre. Ce n’est pas pour cette raison qu’il faut renoncer à se faire vacciner. L’an dernier, bien que le vaccin ait eu une efficacité limitée, il a évité tout de même que la situation ne soit plus catastrophique.
N’oublions pas que chaque année la grippe tue, en France, entre 2 000 et 4 000 personnes, notamment des personnes âgées, en majorité non vaccinées. Alors pas d’hésitation, vaccinez-vous ! C.P.

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