C'est le titre du livre de Bernard Thibault, qui représente les travailleurs dans l'Organisation Internationale du Travail (OIT), chargée au sein de l'ONU des questions sociales et du droit du travail. Il aborde les enjeux majeurs des droits des travailleurs menacés en France et dans le monde, il en décrypte les raisons et les moyens d’y faire face. Chronique d’un ouvrage à lire absolument.
Il ne s'agit pas d'une prophétie mais bien du monde tel que nous le vivons aujourd'hui. Bernard Thibault a choisi de décrire ce monde à partir d'une succession de constats chiffrés qui, pour peu que l'on fasse l'effort d'imaginer ce qu’ils signifient dans la réalité "valent tous les discours ". Imaginons par exemple la vie des 1,4 milliard personnes qui doivent se contenter de moins de 5 euros par jour, celle des 88 % de chômeurs qui ne perçoivent aucune indemnité, des 72 % de femmes qui n'ont aucune allocution maternité, celle d’une personne âgée sur deux qui ne perçoit aucune pension de retraite ! « Comment croire qu’une telle situation puisse perdurer ? » interroge l’auteur.
Au passage il fait un sort à l’argument selon lequel les contraintes du code du travail seraient responsables du chômage : « c’est une affirmation gratuite, écrit Bernard Thibault, personne n’est en capacité d’en faire la démonstration ».
Si c’était vrai des pays comme l’Inde et bien d’autres pays où le code du travail est inexistant, connaitraient le plein emploi et non pas des taux de chômage pharamineux.
Si c’était vrai comment expliquer que les ruptures conventionnelles initiées en France, qui ont facilité le licenciement de 2 millions de personnes, se sont accompagnées d’un chômage record ?
Pourtant il n'existe aucune fatalité à cette situation, Bernard Thibault relève ainsi que "nous n'avons jamais produit autant de richesses et de biens matériels qu'aujourd'hui..." mais le G20 exerce une hégémonie telle qu'il préside désormais aux politiques des Etats, alors que des organisations comme l'ONU ou l'OIT, sont reléguées au rang d'observateurs. L'OIT a consigné nombre de conquêtes sociales depuis sa naissance en 1919, mais qui ne s'imposent pas aux entreprises et Bernard Thibault appelle les syndicats à se saisir de ces leviers pour faire progresser la justice et les droits des travailleurs en France et dans le monde.
Ecrit en collaboration avec Pierre Coutaz, "La troisième guerre mondiale est sociale" fourmille d'informations sur le monde tel qu'il va et d'idées sur les pistes du progrès social. Un livre au cœur de l'actualité de nos luttes, à lire et à faire lire.
Pascal Santoni
Photo : Photosociale - Allaoua Sayad
"La troisième guerre mondiale est sociale", éditions de l'Atelier, 15 €.
VOIR l'interview de Bernard Thibault sur BFMTV sur le thème "Les syndicats sont-ils en péril ?"
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