Isolés dans un peuple confiné en mars. Déconfinés sous conditions en mai. Louangés pour leur prudence cet été…Désignés comme privilégiés à la rentrée, les retraités seraient-ils égoïstes ?
Égoïstes ? ces grands-parents qui ont pris le risque, une légitime petite angoisse au ventre, de recueillir leurs petits-enfants ne pouvant plus aller à l’école et dont les parents devaient travailler !
Égoïstes ? ces personnes âgées valides assurant l’approvisionnement des plus fragiles de leur voisinage !
Égoïstes ? ces mains expertes en couture fouillant leurs réserves de vieux tissus pour coudre les masques faisant cruellement défaut et coûtant trop cher à eux-mêmes comme à leurs proches !
Égoïstes ? ces retraités attentifs cet été aux comportements et aux gestes barrières à adopter pour que le virus ne reprenne pas du poil de la bête !
Égoïstes ? ces grands-parents subissant le crève-cœur de ne plus voir, autrement que par écrans interposés, les premiers pas de leur petite-fille dernière-née qui, en des temps normaux, aurait fini dans leurs bras !
Ces modestes attitudes de leur quotidien démontrent que les retraités n’ont aucune leçon de solidarité ni de civisme à recevoir de quiconque… Notamment pas de ce conseiller de Jupiter, cité cet été par Le Figaro, affirmant que : « Les retraités doivent contribuer à l’effort de guerre sanitaire », invitant le gouvernement à « baisser temporairement le niveau des pensions au nom de la solidarité entre générations », déplorant que « le monde [se serait] arrêté pour préserver les plus anciens ».
Ceux qui pleurent leurs proches morts dans les Ehpad et dans les services hospitaliers, contraints à de dramatiques choix, apprécieront.
Extrait du dossier Vie Nouvelle
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Il faudra désormais « vivre avec » ce virus, dit-on. Vivre avec, ce n’est donc pas « vivre comme avant » ! Les retraités s’y efforcent. Reconnaissons-leur cette sagesse !
Ce n’est, par contre, pas ce que traduisent les mesures prises pendant l’été. Le Ségur de la santé n’est ni à la dimension des besoins présents ni au niveau d’une crise sanitaire qui n’a pas dit son dernier mot. Le libéralisme prend prétexte de cette crise pour pousser les feux de la remise en cause de conquêtes sociales dont les retraités ne sont pas les moindres artisans et alors même que ces conquêtes font la preuve de leur utilité dans la période que nous traversons. Le pouvoir en place balise ces impasses… C’est bien contre ces égoïsmes-là que s’imposent vigilance et riposte actives et solidaires !
Pierre Corneloup
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis