Pendant que d’autres cherchent le best-seller entre tueurs en série et enquêteurs géniaux, Pierre Hanot honore le roman noir et ses perdants magnifiques. Gueule de fer est un hommage émouvant à Eugène Criqui, un gars du peuple à qui la boxe a ouvert un avenir moins sombre.
C’est sans compter 14-18. Dans les tranchées de la Meuse, le champion poids mouche 1912 rencontre une balle à fragmentation qui le laisse quasi mourant. Il survit, une plaque de fer vissée dans la mâchoire. Doté d’une volonté farouche, il reprend l’entraînement, enchaîne les victoires, triomphe en Amérique. La gloire est une garce qui ne demande qu’à trahir : Criqui se brise la main, essuie défaite sur défaite, jette l’éponge après 130 combats, et meurt, oublié, en 1977.
Hanot fascine par l’humanité de son personnage, sa volonté à surmonter les épreuves sans renier ses origines. Son héros est franc, direct, sincère. Comme la prose d’Hanot, qui, loin des affèteries à la mode, cogne aussi efficacement que son personnage.
Roger Martin
Gueule de fer, Pierre Hanot, 2017, la Manufacture de livres, 18,90€ disponible à la FNAC
Photo de la Une : Karim Siari
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