L'automne est là, les premiers champignons déplient timidement leurs chapeaux aux couleurs chaudes. C'est une période à ne pas rater pour profiter de la fraîcheur des forêts et du plaisir ancestral du ramassage des fruits, des feuilles, des mousses, des branches… Pour leur utilisation, les idées ne manquent pas. Composer des bouquets secs, récolter des pommes de pins pour faire des décorations de noël, des mousses pour embellir les plantes en pot…

Mais remplir son panier de noix, de noisettes ou de châtaignes, pour les jours où les champignons se font rares, c'est plus qu'une consolation, c'est un plaisir pour les prochaines soirées entre amis. Rien de meilleur pour agrémenter l'apéro que ces fruits secs naturels sans additifs, sans sel et dégustés lentement car il faut bien casser leur coque. C'est le contraire des cacahuètes salées et autres chips avalées en vitesse, en trop grande quantité, bourrés de mauvais gras et de chimie.

Des feuillages aux odeurs enivrantes

Au jardin, on peut profiter pleinement des parfums subtils des végétaux, même en hiver, en plantant des arbustes odorants dispersés sur toute la surface du terrain, pour apprécier chaque sensation subtile. Choisir de les installer près du banc où chacun vient lire ou au coin de la terrasse près du salon de jardin, permet à tous d'en apprécier les senteurs.

Les amateurs d'épices ne seront pas déçus en plantant un Pérovskia, appelé aussi sauge de Russie, dont le parfum de lavande est encore plus puissant lorsqu'on frôle son feuillage.

Le plus odorant des arbustes palissés reste le jasmin avec son odeur irrésistible. Le Jasminum Grandiflorum à petites fleurs blanches étoilées qui fleurit l'été est certes un peu fragile, mais quelle fragrance ! En parfumerie, il apporte aux compositions une note de cœur fruitée, fleurie et animale. Mêlé à la rose, il a fait le succès du grand parfum « Joy », créé en 1930, pour lequel Jean Patou disait qu'il fallait 10 600 fleurs pour une once de parfum (30ml environ).

Le plus surprenant est sans doute le Cercidiphyllum japonicum (l'arbre au caramel), avec ses feuilles en forme de cœur et une senteur qui évoque les fameux bonbons et le pain d'épices, en automne il s'habille de mille couleurs.

Tous ceux qui apprécient les odeurs puissantes, enivrantes se doivent de posséder un oranger en pleine terre, si le climat le permet, sinon en pot sur la terrasse. Le parfum de ses fleurs réchauffées par le doux soleil automnal est tout simplement inoubliable.

Des végétaux farceurs

Par exemple, le Mahonia MédiaCharity arbuste au feuillage persistant et denté, ressemble à un houx et sent le muguet !
L'hélichryse (herbe à curry), arbrisseau au feuillage gris et à floraison jaune, imite parfaitement l'odeur du curry, mais si vous en parsemez vos plats vous serez déçu, car il ne tient pas la comparaison. L'huile essentielle que l'on extrait de ses fleurs est commercialisée sous le nom d'huile d'immortelle. Là aussi, on peut craindre la tromperie !

Le sens des émotions

L'odorat est le seul sens à avoir un lien direct avec l'hypothalamus, siège de nos émotions. Il accompagne ou déclenche nos souvenirs, un lieu, un moment, un visage peuvent resurgir du passé grâce à une odeur. Plus l'émotion portée par l'odeur est intense plus le souvenir est détaillé. Les mécanismes à l'origine de ce phénomène restent encore mystérieux. N'ayons pas peur des odeurs, elles sont inhérentes à la vie. Continuons à exercer tous nos sens pour garder le plus longtemps possible le plaisir de se sentir vivant.

Yolande Bachelier