L'année 2016 a été une année « terrible » pour les droits de l'Homme dans le monde, et « très préoccupante » en France. Le rapport annuel d’Amnesty International évoque les « marchands de peur » dans les affaires de la planète. Ce n'est pas sans rapport avec les conditions de l'élection présidentielle...
Amnesty International a exceptionnellement choisi de présenter son rapport annuel à Paris. Raison évoquée : l’association estime que le contexte pré-électoral en France « apporte un fort écho » à son analyse. Elle s'alarme en particulier de la montée des discours politiques xénophobes et extrémistes.Les discours de « rejet des autres » qui ont d'après elle « dominé » le débat politique, notamment en Europe et aux États-Unis, ont « alimenté » un « recul mondial des droits humains » qui risque de se confirmer en 2017, juge-t-elle. Amnesty ajoute qu’en 2016, « l'utilisation cynique de ces discours rejetant la faute sur les autres et distillant la peur et la haine a atteint des niveaux inégalés depuis les années 30 ».
« Les discours clivants des marchands de peur sont devenus une force dangereuse dans les affaires de la planète », souligne l’association citant notamment le président nord-américain Donald Trump, dont les propos sont particulièrement « emblématiques » de cette tendance.
En France, Amnesty déplore une année « extrêmement préoccupante » pour les droits humains et met l’accent sur la prolongation de l'état d'urgence décidé dans la foulée des attentats de 2015. Une décision jugée « injustifiable » au regard du droit international, remettant « dangereusement » en cause des libertés essentielles.« Le risque est que la France s'habitue à ce que des droits considérés comme acquis soient remis en cause », s’inquiète l'association, qui s'interroge par ailleurs sur l'efficacité de ces mesures.
En effet, de fin 2015 à fin 2016, seules 0,3% des mesures liées à l'état d'urgence ont débouché sur une enquête judiciaire pour des faits de terrorisme.
Amnesty critique également la réponse « inadéquate » de la France en matière d'accueil des réfugiés et le « climat de stigmatisation » qui règne dans le pays, visant notamment les migrants et la population musulmane.
L'organisation de défense des droits de l'Homme a examiné les situations dans 159 pays. Des crimes de guerre ont été perpétrés dans au moins 23 pays en 2016, et 36 pays ont renvoyé des réfugiés – « boucs émissaires faciles » - dans des pays où leurs droits étaient menacés.
José Fort
avec le service de presse d’Amnesty
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