Cyril Mokaïesh continue à tracer sa route dans la chanson. Lors de la sortie de son premier CD, il nous avait embarqués dans son univers avec sa voix claire, incandescente. Son culot n’en finissait pas de nous étonner. La chanson, j’suis communiste, a ravi les tympans des amateurs de textes agit-prop et son clip était gonflé : Mokaiesh en liberté guidant le peuple, drapeau rouge à la main sur fond d’images kolkoziennes très réalisme-socialiste. Du beau boulot et sur le CD (comme sur celui qui suivra en 2011), on sent la passion de l’écriture propre aux grands auteurs compositeurs interprètes.

Troisième CD. Le « camarade » tape très fort, une fois de plus. Il prend son sabre affûté d’interprète, part à l’abordage du showbiz et choisit, à contre-pied de la mode, de s’attaquer à des textes écrits par les grands albatros de la chanson, les Naufragés, les marginaux… ceux qui refusent comme ces tubes formatés.

Ah ! cette fusion entre rimes, mots et le piano du grandissime Giovanni Mirabassi pour un accompagnement tout en passion. Une étreinte aux textes. Vous y ajoutez des auteurs élus par le coeur, Darc, Debronckart, Dimey, Léotard, Leprest, Mano Solo, Stephan Reggiani, Vassiliu et l’immense poète Vladimir Vissotski pour un étonnant et actuel Rien ne va plus. Le livret est signé Bertrand Dicale avec les textes des chansons et une biographie de chacun des Naufragés et de quelques autres : Théo Sarapo et puis, comment dire Debronckart sans évoquer Maurice Fanon ou Leprest sans Loïc Lantoine ou Jehan.

Vous vous calez dans votre fauteuil, vous lisez le livret en écoutant les poètes chantés par un artiste hors du commun. Avec Cyril Mokaiesh, les Naufragés ont trouvé leur île.
CD « Naufragés », Cyril Mokaïesh, Sony Music.

Richard Vaillant