Quatre heures de défilé dans Paris, des manifestations dans les grandes villes de France, une combativité intacte, la journée du 14 juin aura été une démonstration éclatante de la détermination du mouvement contre la loi dite Travail. Le gouvernement écoutera-t-il cette fois ? S’il persiste à nier l’évidente opposition à son projet le mouvement se poursuivra.
Le meurtre barbare d’un couple de policiers à leur domicile a occupé l’essentiel des journaux d’information. L’émotion est forte. Chez les policiers et leurs familles, qui se sentent menacés en dehors de leur activité, ce qui n’était jusqu’à présent pas arrivé, et on comprend leur angoisse. La CGT a immédiatement condamné ce crime, qui en plus d’être odieux touche à l’intime de la vie de chacun.
Le terrorisme a repris sa place sanglante dans notre actualité. C’est probablement l’effet recherché par Daesh et ses partisans. C’est pourquoi on peut regretter que la plupart des médias aient une nouvelle fois exploité à l’excès cet acte terroriste. D’autant qu’après avoir consacré les trois quarts de leur journal au double meurtre, ils ont enchainé sur la tuerie homophobe d’Orlando.
La recherche à tout prix de l’audience en exploitant les drames et les malheurs de notre monde peut avoir des conséquences particulièrement néfastes : susciter une peur irrationnelle, elle-même source de nouveaux drames.
L’information sur les manifestations de plus d’un million de personnes à l’appel de sept organisations syndicales est de fait passée non pas sous silence, c’était impossible, mais reléguée en fin de journal. Quelques images du gros de la manifestation parisienne et très vite les images des affrontements entre des groupes de casseurs et la police, avec de longues séquences sur les dégradations subies par les commerces.
Quand on songe au traitement scandaleux de chacune des manifestations contre la loi dite travail et au tombereau de critiques versées sur les grévistes, on mesure le haut degré de combativité et de responsabilité dont ont fait preuve les salariés en lutte dans notre pays. Le gouvernement, comme le secrétaire général de la CFDT, qui a tenu à afficher ce jour du 14 juin son adhésion au projet de loi, ne devraient pas mépriser cette dimension du mouvement d’opposition à son projet.
Jamais les popularités, mais peut-on encore parler de popularité, du Président de la République et de son Premier ministre n’ont été aussi basses. Comment peuvent-ils s’autoriser à persévérer dans leur volonté d’imposer un projet rejeté aussi massivement ? C’est un déni de démocratie.
Vendredi le secrétaire général de la CGT sera enfin reçu par la ministre du Travail pour lui demander une nouvelle fois de retirer son projet, « les points majeurs du blocage étant a minima les 5 articles qui constituent l’ossature du texte ». Si l’on en croit les déclarations de François Hollande et de Manuel Valls, le gouvernement n’a pas l’intention de modifier son attitude. On verra.
La journée du 14 juin loin serait plutôt un bras d’honneur à ceux qui espéraient un essouflement du mouvement , elle est un précieux encouragement à poursuivre la mobilisation. Les sept organisations continuent leur action par le déploiement de la votation citoyenne et « elles invitent l’ensemble de la population à s’emparer de cette votation et à participer massivement aux journées de mobilisation nationales les 23 et 28 Juin 2016. »
Pascal Santoni
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Nous lui avons demandé de revenir sur les épisodes marquants de cette vie incroyable.