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COP21. L'urgence climatique face aux appétits capitalistes

Beaucoup de choses sont possibles pour freiner le réchauffement. Mais les firmes capitalistes en quête de profits dans le business vert risquent de dévoyer un combat qu’il est pourtant impératif de mener et de gagner.

Largement reléguée au second plan par l’actualité dramatique de ces dernières semaines, la COP 21 qui s’ouvre ce lundi et pour deux semaines au Bourget n’a rien d’une affaire secondaire. L’enjeu est de contenir le réchauffement climatique à +2°C d’ici la fin du siècle en cours par rapport à la fin du XIXème siècle qui fut marquée par le début de la production industrielle et de la consommation d’énergies fossiles dont on sait désormais qu’elles sont de plus en plus émettrices de gaz à effet de serre(GES) responsables de l’accélération du réchauffement.

Moins de gaz à effet de serre, comment ?

Pour freiner ce réchauffement, il faut à la fois libérer moins de gaz à effet de serre (GES) et stocker plus de carbone qu’aujourd’hui dans tous les pays du monde. Comment y parvenir en France ? Sachant que plus de la moitié des GES émis dans notre pays sont imputables à la consommation d’énergies fossiles par nos véhicules, l’industrie, nos logements et nos bureaux, il faut à la fois moins de voitures et de camions sur les routes, des véhicules moins gourmands en carburants; une meilleure isolation des bâtiments.

Des transports moins polluants

Outre le développement des transports en commun, il faudrait à la fois favoriser le covoiturage pour aller au travail, aider financièrement les ménages pour réaliser des travaux d’isolation dans les maisons et les appartements qui en ont besoin. Si une taxe carbone était mise place, il vaudrait mieux qu’elle soit européenne, qu’elle taxe prioritairement les produits importés des pays tiers et les longs transports en camion au sein de l’Union. Les ressources ainsi dégagées pourraient contribuer à financer des travaux qui permettent de réduire le coût du chauffage dans les maisons et les immeubles collectifs.

Et l'industrie ?

L’industrie doit aussi faire un double effort en faveur de la sobriété énergétique et du recyclage des métaux et des autres matières premières. Mais la société capitaliste basée sur la politique de l’offre, fonctionnant selon la double théorie des « avantages comparatifs » et de la « destruction créatrice» n’a rien d’écologique. Elle ferme des usines chez nous pour en monter dans les pays à bas coûts de main d’œuvre et gaspille ainsi de plus en plus de matières premières. Pour le moment, le gouvernement laisse faire tandis que Total, Engie, le groupe Bolloré, Auchan et d’autres firmes et enseignes de la distribution font mine de s’intéresser au climat. Il y a beaucoup d’enfumage autour de la Cop 21.

L'agro-écologie

Une agriculture pratiquant l’agro-écologie pourrait grandement contribuer au freinage du réchauffement climatique en stockant plus de carbone dans les sols et en produisant davantage pour les marchés de proximité afin de réduire les transports par camions. Mais on n’en prend pas le chemin du fait de la spécialisation agricole sur fond de concurrence européenne. Ainsi, la région Ile-de-France ne consacre que 0,5% de ses terres agricoles au maraîchage alors qu’on doit approvisionner chaque jour 12 millions de consommateurs en légumes frais qui viennent souvent de très loin par camions. Ainsi 56% des porcs français sont élevés en Bretagne, région très excentrée. Cela rend le cochon allemand plus compétitif dans le grand Est comme le cochon espagnol dans le grand sud.

Revisiter les pratiques écologiques

Au-delà des localisations géographiques, les modes d’élevages sont à revoir. Il faut plus de nourriture à l’herbe pour les herbivores ruminants, plus de haies dans les prairies, plus d’arbres nourriciers dans toutes les régions car les arbres ont le double avantage de produire de la nourriture, voire de l’huile pour certains, tout stockant du carbone. En agriculture, il va falloir revisiter des pratiques écologiques qui ont été abandonnées puis oubliées depuis plus d’un demi-siècle.

Dans ce monde fini qui voit se réduire les matières premières fossiles encore disponibles, il va falloir réapprendre à tirer le meilleur de la terre nourricière tout en préservant la fertilité des sols. Cela reste possible mais à de rares exceptions, on n’en prend pas encore le chemin.


Gérard Le Puill

• Gérard Le Puill est journaliste et auteur. Dernier ouvrage paru : L’écologie peut encore sauver l’économie, Pascal Galodé Editeurs.

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