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À quoi servent les fonds européens ?

De Berlin à Bruxelles, la Banque centrale et la Commission européennes annoncaient vouloir débloquer de 1 000 à 1 750 milliards d’euros pour aider les économies des pays membres. À Paris, Macron et le gouvernement veulent « des accords d’entreprise » conduisant les syndicats à accepter des baisses des salaires pour « sauver des emplois ». Attention arnaques.

Plus que jamais, il convient de s’en souvenir. Depuis plus de trente mois, quelque 10 millions de retraités subissent en France une baisse mensuelle de leur pension nette de 1,83%, suite à la hausse de la Contribution sociale généralisée (CSG) de 1,70% mise en place en 2018. Macron et les siens leur font payer la part des cotisations chômage et maladie qui était précédemment retenue sur le bulletin de paie des actifs, afin que la très faible augmentation du salaire net, ainsi obtenue, ne coûte rien au patronat. L’exécutif a, en même temps, supprimé l’ISF pour pousser les PDG et leurs associés à se goinfrer en salaires et en actions gratuites. Pour justifier la baisse des retraites, on nous disait que le travail devait payer tout en maintenant le déficit budgétaire sous la barre de 3% du PIB.

Des milliards d’euros débloqués

Depuis 3 mois, le gouvernement aligne des milliards d’euros afin d’apporter des garanties aux firmes comme Renault. Ces dernières annoncent pourtant des milliers de suppressions d’emplois. La Banque centrale européenne accepte, désormais, la demande de Macron et de Merkel, soit un déblocage de 500 milliards d’euros, voire le double, pour aider les États membres de l’Union à relancer leurs économies. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, estime que ce fonds de la BCE devrait atteindre 1 000 milliards d’euros, auxquels s’ajouteraient 750 milliards fournis par la Commission sur trois ans. Une partie des fonds avancés par la Commission seraient des dons. 39 milliards pourraient être octroyés à notre pays, si les 27 se mettent d’accord sur la répartition.

En France, l’Insee annonçait fin mai, un recul du PIB de 20% au second trimestre. La baisse moyenne du PIB en zone euro est chiffrée entre 8 et 12% par la BCE pour l’année 2020 ; la France est dans cette moyenne. Les nouvelles inscriptions à Pôle emploi ont atteint 843 000 fin avril, ce qui nous donne 4 575 000 chômeurs en catégorie A, sans le moindre travail. 29,4% des nouveaux inscrits ont moins de 25 ans et 16,1% ont plus de 50 ans.

Déséquilibre budgétaire

Pour toutes ces raisons, nous savons déjà que les recettes de la Sécurité sociale, celles de l’Unedic et de la Caisse nationale de l’assurance vieillesse (Cnav) des retraités du privé seront en forte baisse en 2020 et en 2021, via le recul du nombre de personnes en emploi à même de cotiser. Mais les dépenses vont continuer d’augmenter pour la Sécu, du fait des coûts supplémentaires liés à la pandémie. L’Unedic devra indemniser plus de chômeurs en ayant moins de recettes. Il y aura aussi une moindre rentrée de cotisations à la Cnav. Va-t-on encore tenter de diminuer les pensions ?

En Europe, la rupture avec la rigueur budgétaire serait positive si l’argent était utilisé à bon escient. C’est ce qu’ont souligné dans un communiqué commun le DGB allemand et les confédérations françaises que sont la Cgt, la CFDT, FO, l’Unsa et la CFTC. Les centrales syndicales y voient la possibilité de satisfaire « une revendication de longue date » pouvant se traduire par « plus de solidarité entre les États membres de l’UE avec la mutualisation de la dette supplémentaire liée à la crise du coronavirus, afin d’éviter de faire payer la dette aux salariés, dans le souci de plus d’Europe sociale ».

Une autre lumière

Qu’en sera-t-il en France ? La réunion qui s’est tenue à l’Élysée, le 4 juin, entre le président de la République, son gouvernement et les syndicats jette une autre lumière sur les intentions du pouvoir. Macron et ses ministres veulent pousser les patrons et certains syndicats à négocier des accords dans le cadre desquels l’employeur promettrait de ne pas licencier pour peu que les salaires baissent de 10 à 20% des mois, voire même des années, durant. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, dont la fortune personnelle est évaluée à plus de 7 millions d’euros, a déclaré, sur LCI le 31 mai dernier : « J’appelle les entreprises en difficulté à négocier des Accords de performance collective », précisant même que le gouvernement avait mis en place « les ordonnances travail 2017 » dans ce but. Selon elle, ce texte permet aux entreprises de jouer pendant cinq ans sur des diminutions de rémunérations, si les syndicats représentatifs de la majorité du personnel signent ce type d’accord !

Toutefois, un récent sondage a montré que « près de 7 salariés sur 10 jugent inacceptables les baisses de salaires » que certaines entreprises voudraient imposer. Mettre le doigt dans cet engrenage aggraverait aussi la récession économique. Les travailleurs et leurs syndicats vont devoir faire preuve de vigilance et de combativité.

Gérard Le Puill

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