Moins d’un sexagénaire sur deux se dit confiant sur sa possibilité d’aider ses enfants en cas de besoin. 6% des personnes soutenues par le Secours populaire français (SPF) ont 60 ans et plus. Entretien avec Julien Lauprêtre, son emblématique président.
Très importante. Comme dans bien d’autres domaines du mouvement associatif…Et ils savent faire la place : 20 jeunes viennent d’être élus au sein de notre direction nationale. Souvent des jeunes retraités que nous rencontrons nous disent : « Quand j’aurai atterri dans ma nouvelle vie, je vous aiderai…» Nous leur disons : « Pourquoi attendre pour donner sens et contenu à cette nouvelle vie ? » Les jeunes viennent à partir de leurs occupations et préoccupations de jeunes : musique, sport, etc.
Nos associations multiplient « les banquets des cheveux blancs », des séjours de vacances, des sorties culturelles pour les seniors. À ces occasions, à ces personnes aidées, nous demandons de le faire autour d’elles, à leur tour. Il y a là pour elles une dimension de dignité retrouvée. C’est ainsi que la personne aujourd’hui chargée de l’organisation de nos grandes initiatives nationales de solidarité est un ancien bénéficiaire. Le nombre augmente, par ailleurs, de ceux et celles qui, ayant travaillé et produit des richesses toute leur vie, se retrouvent dépendants de la solidarité pour simplement se nourrir. Mais incompréhensiblement, cela a été le moment choisi en Europe, par certains pour mettre fin à l’aide alimentaire européenne, laissant chaque pays se débrouiller seul. Nous n’en sommes pas restés là.
Avec nos partenaires, nous avons même organisé une manifestation d’assiette vide devant le Parlement européen à Strasbourg, à Bruxelles et dans des dizaines de villes. Tout cela a été rétabli… mais jusqu’en 2020 ! Le SPF, les Restos du cœur, la Banque alimentaire et la Croix rouge restent donc, ensemble, très vigilants.
Notre leitmotiv au SPF, c’est « lier celui qui donne à celui qui reçoit ». Nous agissons sur les conséquences, quelles que soient les causes. Nous sommes les avocats des pauvres, pas les procureurs des fautifs. Une personne se noie devant vous. On l’accuse de s’être mise en danger ou bien on lui lance une bouée ?
…Cela ne nous empêche pas de mettre le doigt sur les conséquences des mesures prises. E. Macron était l’autre jour auprès d’enfants ne partant pas en vacances. Bien. Mais nous l’avons interpellé sur les conséquences qu’avait – pour le financement d’associations comme la nôtre – sa décision de suppression de la réserve parlementaire. Nous en sommes souvent les « bénéficiaires » de la part d’élus qui font, pour certains, ce choix de l’utilisation d’une partie de cette « réserve ». Ce sont 200 000€ qui ne tomberaient plus dans nos caisses.
Nous avons initié ce que nous appelons « les enfants copains du monde ». Avec du mal au départ, mais notre dernier congrès a été le témoin de notre avancée en ce domaine dans un monde qui va mal. Plus de 30 Villages « Copains du monde » venant de 50 nationalités. Le concept que nous développons est simple : en aidant les enfants à construire leurs solidarités - entre eux, à leur façon et sur leurs thèmes - nous construisons l’avenir de la solidarité. Lorsque des enfants palestiniens et israéliens se côtoient dans nos initiatives, il sera plus difficile qu’ils s’affrontent demain lorsqu’ils seront adultes.
Propos recueillis par Pierre Corneloup
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis