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Jeunes et retraités solidaires

Une campagne insidieuse est menée depuis des années pour attester l’idée que les vieux se gavent et handicapent l’avenir de la jeunesse. Les luttes menées depuis quelques mois contre la loi Travail prouvent que les lignes bougent et remettent en cause ce schéma simpliste autant que diviseur.

Les effets d’une campagne mensongère sur les « privilèges » des vieux et l’« égoïsme » des jeunes ont fait mouche depuis quelques années. Pour exemple, des sondages de 2011 ont montré que les anciennes générations considéraient les jeunes comme égoïstes, paresseux et intolérants (81%).Nombre d’entre eux ont pris cela à leur compte (54%). Dans le même sens, une étude de l’Insee en 2009 avait démontré que 17,7% des moins de 18 ans étaient en situation de pauvreté monétaire, contre 9,9 % des retraités.
Cette tension a été alimentée de manière récurrente tendant à replier les générations sur elles-mêmes plutôt que de permettre une communication vertueuse. Certes, certains retraités vivent mieux que leurs enfants et petits-enfants. Beaucoup ont eu des salaires décents et des évolutions de carrière dans une société qui n’était pas aussi inégalitaire qu’aujourd’hui et où le rapport de force entre le monde du travail et le capital était moins défavorable. Les progrès de la médecine ont aussi joué un rôle positif dans la possibilité pour les anciens d’aujourd’hui de vivre plus longtemps une retraite qui avait été acquise à 60 ans en 1982.

 

Sale temps pour le « bon vieux temps »

Mais tout cela reste à nuancer, en regard de la situation très précaire de très nombreuses personnes âgées qui vivent dans des conditions de précarité alarmantes. Selon une étude de la revue Alternative Économique en 2014, « le niveau de vie médian des retraités est globalement plus faible que celui des actifs, de 7,5 %, et il a augmenté moins vite entre 1996 et 2011. Et les inégalités entre retraités se sont accrues : le seuil d'entrée dans les 5 % les plus riches des retraités a progressé de 25 % entre 1996 et 2011, alors que le seuil des 10 % les moins rémunérés s'est élevé à 18 %. »
D’autre part, la régression sociale pèse sur les retraités qui sont beaucoup plus sollicités qu’hier pour aider leurs enfants et suppléer aux abandons de la société, à tous les niveaux. Paradoxalement, cela crée des liens nouveaux entre les générations et permet d’envisager avec plus de confiance une action commune des générations contre l’ordre établi et pour l’amélioration des conditions de vie.

 

Une jeunesse qui se rebiffe et questionne

L’idée de ne pas pouvoir avoir de retraite a fait son chemin chez les jeunes, au point que les assurances privées se sont jetées dessus pour proposer un plan B sans pour autant les rassurer sur un avenir qu’ils imaginent majoritairement beaucoup plus dur et incertain que celui de leurs parents et grands-parents. Cette situation a notamment débouché, en 2012, sur un comportement de défiance vis à vis de la représentation politique. En effet, au premier tour de la présidentielle, les 18-24 ans s’abstenaient à 27%, soit 10 points de plus que les 45-59 ans et 13 points de plus que les plus de 60 ans. Dans le même temps, 18% d’entre eux choisissaient de voter pour l’extrême droite. On était loin de la réaction salutaire provoquée par une immense manifestation de la jeunesse après le choc du 21 avril 2002.

 

Le sursaut du collectif

Et pourtant, malgré ce constat de repli paralysant depuis 2006 avec la lutte contre le CPE, le chemin du collectif a repris du service ces derniers temps. Les mobilisations autour de la loi Travail, avec tous ces jeunes qui avaient participé aux « nuits debout » et aux multiples manifestations organisées par les syndicats a démontré l’émergence d’un nouvel esprit de résistance. 7 jeunes sur 10 se sont dits contre la loi Travail. L’expérience de la lutte a provoqué une remontée des aspirations à chercher des réponses concrètes aux grandes questions de société, que ce soit au niveau du pouvoir d’achat, de l’environnement, de la vocation du travail et du rapport à une situation européenne et mondiale que l’on ne peut pas ignorer dans son coin.
Contrairement à ce que le fatalisme ambiant fait croire, avec son lot de banalités sur « les enfants désœuvrés », l’esprit de solidarité n’a pas disparu chez les jeunes, loin s’en faut, malgré un contexte mortifère où la violence et la répression sont orchestrées par un pouvoir autoritaire et un patronat cynique. Nous pouvons donc reprendre à notre compte cette réflexion optimiste de Marie-José Kotlicki, de l’Ugict-CGT faite en 2013 : « Les jeunes cherchent un travail émancipateur, créateur et veulent équilibrer vie personnelle et temps de travail ; ils s’interrogent sur les critères de disponibilité, de rapport au temps travaillé en fonction du salaire payé. Ils veulent réussir leur vie professionnelle et privée. »Reste à rebrancher le courant entre des générations qui doivent redonner corps à leur intérêt commun. Un défi difficile mais incontournable à relever.

Article paru dans Vie nouvelle 196

Yvon Huet
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