Les adaptations apportées au texte sur le code du travail prises dans la précipitation et en catimini, un dimanche à l’Elysée, laissent en l’état l’essentiel des objectifs initiaux. La Cgt demande le retrait du projet gouvernement-Medef et une nouvelle négociation.
Photo : Allaoua Sayad
Plus d'un million de manifestants dans 250 villes selon les syndicats, 400 000 selon la police... Vaut mieux en rire. C'est l'objet de cette vidéo-humour de 2007.
Le projet de loi gouvernemental présenté comme « visant à constituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs » est perçu par les jeunes, les salariés et les retraités comme bénéfice net pour le Medef. Les pitoyables gesticulations d’un pouvoir discrédité et les tentatives de compromissions menées par les courroies de transmission de service n’y peuvent rien : ce texte modifié à la marge maintient l’offre de liberté totale pour le patronat. Il constituerait un recul historique du droit social.
Il regrette les « adaptations » intervenues dans le projet de loi rédigé en lien direct gouvernement-Medef en exigeant « de ne pas aller plus loin ». Au moment où ces lignes sont écrites, sept Français sur dix se déclarent opposés à ce texte, un sur deux soutient les manifestations. Ils ont compris que les mesures envisagées visent à précariser toujours plus, à flexibiliser toujours davantage les salariés pour faire baisser le « coût » du travail avec pour conséquence l’augmentation des profits financiers et les dividendes versés aux actionnaires. Comme l’a maintes fois rappelé Philippe Martinez, le secrétaire général de la Cgt, le texte doit être retiré et une véritable négociation doit s’ouvrir afin d’écrire sur une page blanche une autre version répondant à l’exigence de justice et de progrès social.
Le mouvement de rejet du projet de loi a pris une grande ampleur. Le gouvernement tente de détourner la manoeuvre en corrigeant quelques mesures mais en maintenant 90 % du texte.
À quelques jours de la manifestation du 31 mars, tout porte à penser que la mobilisation sera puissante et déterminée.
Les retraités vont y prendre toute leur place. Le 9 mars, ils étaient aux côtés des jeunes dans les rues. Le 10 mars, à l’appel de l’UCR-CGT et de huit autres organisations syndicales, ils ont fait entendre leur voix au cours de 120 rassemblements à travers tout le pays pour une véritable revalorisation des pensions et l’arrêt des mesures amputant leur pouvoir d’achat. Le 24 mars avec les jeunes lycéens et étudiants durement réprimés dans plusieurs villes.
Le 31 mars, ils seront à nouveau dans les rues avec les jeunes et les salariés.
José Fort
Voir le décryptage du projet par la CGT
CE QUI NE CHANGE PAS DANS LA LOI TRAVAIL
L’essentiel du projet de loi reste en l’état. Exemples :
SENIORS, NOUS VALONS MIEUX QUE ÇA
Selon les défenseurs du projet de loi El Khomri sur la réforme du code du travail, avec cette loi les jeunes travailleurs accèderont plus facilement à un contrat à durée indéterminée (CDI) au lieu d’enchaîner les contrats à durée déterminée (CDD). Selon eux, le licenciement des salariés en CDI devenant plus facile en cas de réduction de la charge de travail, l’embauche en CDI sera aussi facilitée dès que cette charge de travail augmentera.
Mais aucun des plumitifs à la solde du Medef ne dit quelles victimes seront ciblées en priorité par les managers soucieux de réduire la masse salariale. Le chômage de longue durée ne cessant d’augmenter pour les hommes et les femmes âgés de 50 ans et plus, il y a tout lieu de craindre que ces personnes soient les premières sur la liste des gens à licencier. En les jetant dehors, on réduira les avantages acquis par l’ancienneté. De même, ceux et celles dont la santé a été progressivement détériorée par de longues années de travail sur des postes difficiles en usine ou sur des chantiers seront licenciés au lieu d’accéder à des postes aux conditions de travail allégées.
Après 50 ans, retrouver du travail est toujours difficile, même quand on est en bonne santé et performant. Avec cette loi, les seniors seront encore plus nombreux à passer du chômage de longue durée au RSA tandis que leur future retraite sera amputée faute de voir leurs dernières années de vie active figurer dans les 25 meilleures années pour le calcul de la pension.
Dans ce tri sélectif que le patronat ne manquera pas de faire, ils seront considérés comme des déchets non recyclables, lesquels, faute de mieux, vont à l’incinérateur.
«Nous valons mieux que ça» peuvent aussi crier les seniors en même temps que les jeunes.
Gérard Le Puill
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Nous lui avons demandé de revenir sur les épisodes marquants de cette vie incroyable.