Depuis un an, la lutte contre le terrorisme est le prétexte au recul des libertés républicaines en France, sur fond de criminalisation de l’action syndicale et citoyenne.
Le 2 décembre 2015, des syndicalistes d’Air France ont comparu devant le tribunal de Bobigny suite à leur action contre la liquidation programmée des emplois dans leur entreprise. À EDF, malgré un dossier vide plaidé à charge par la direction, le Procureur de la République a requis une peine de 800 € à 1 500 € de dommages et intérêts à l’encontre de cinq camarades d’ERDF.
Le 29 novembre 2015, 300 jeunes étaient interpellés et 174 mis en garde à vue aux abords de la place de la République, lors de la COP21, pendant que des militants de l’environnement étaient assignés à résidence. On recherche toujours les casseurs…
Le 11 janvier 2016, huit anciens salariés de l’usine Goodyear d’Amiens-Nord ont été condamnés à 24 mois de prison dont 9 ferme pour la séquestration durant 30 heures en 2014 de deux cadres dirigeants de l’entreprise promise à la fermeture.
Dans ce contexte délétère, la Cgt a fait une déclaration, le 18 décembre 2015, avec une centaine d’associations et syndicats, dont voici un extrait : " L’état d’urgence et le climat de guerre intérieure alimenté par le gouvernement contribuent au renforcement des amalgames et aux pratiques discriminantes, notamment de la part des forces de police. Ce ne sont pas « les terroristes qui sont terrorisés », ce sont des jeunes et des populations victimes de l’arbitraire…"
Reprenant à son compte les exigences de l’extrême droite, FN en tête, le gouvernement s’engage honteusement dans une modification de la Constitution visant à étendre la déchéance de la nationalité aux binationaux nés en France. Les articles de la loi portant modification de la Constitution ont été votées par l'Assemblée National et le Sénat, divisant la majorité socialiste comme l'opposition de droite. Il revient au Congrès de Versailles de l'adopter. Il faut amplifier la constestation pour empêcher ce nouveau coup bas porté à la démocratie.
Ces multiples atteintes portées au contrat démocratique sont une mauvaise réponse aux actes terroristes. Dans ces circonstances, nous appelons les pouvoirs publics à jouer leur rôle de garants de la défense des droits et des libertés publiques ; à rétablir, sans délai, le droit plein et entier de manifester ; à cesser les perquisitions et les assignations à résidence arbitraires et à agir dans le cadre de procédures judiciaires ; à mettre en place des garanties effectives de contrôle ; à lever l’état d’urgence ; à renoncer à une réforme constitutionnelle préparée dans l’urgence et au contenu inacceptable.
Une première riposte le 4 février a eu un profond écho dans le pays. Il y en aura d'autres.
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis