Un très fort sentiment d'injustice

Arthur, 25 ans, habite à Maubeuge. Il vit les conditions d’une jeunesse entre survie et précarité. Il garde espoir dans l’action de la Cgt.

« Pas facile d’être jeune en 2021 », nous dit Arthur. Il a tout d’abord suivi des études dans des conditions difficiles et a dû les stopper faute de moyens. Après avoir fait un service civique puis intégré, en contractuel, un collège d’une ZEP, il a décidé de reprendre le chemin de la fac en licence administrative publique. « Depuis que j’ai repris mes études à l’université de Valenciennes, je suis obligé de compter scrupuleusement les dépenses dans la modeste demeure héritée de ma mère décédée », poursuit-il. En effet, il doit vivre avec une bourse de 450 euros.

Les choses se compliquent avec la pandémie. Bloqué à la maison, les dépenses fixes augmentent. Pas simple, quand il doit compter à l’euro près. Pour tenir, il y a la solidarité familiale. Arthur est heureux en famille : « Tous de condition modeste, nous nous tenons les coudes. C’est très important.»

Son expérience de conseiller d’éducation lui a beaucoup appris. Il s’est syndiqué à la Cgt, a participé à des grèves, mais a fait aussi l’expérience des limites de sa condition précaire, exclu de toutes les augmentations et primes. « Entre la direction du collège et les enseignants, je me sentais scotché à une condition inférieure, en bas de l’échelle. Un très fort sentiment d’injustice a grandi, contrarié par la nécessité d’assurer ma propre survie. », ajoute-t-il. C’est ce que vivent de nombreux jeunes, comme lui, qui, pour s’en sortir, n’ont pas droit à l’erreur.

Arthur est déterminé : « Il faut que je réussisse mes deux ans d’études et que je trouve un travail qui aura un sens. » Ses camarades lui demandent souvent des conseils pour sortir de situations difficiles, sachant son engagement à la Cgt, mais ils ont peur de perdre leur indépendance en se syndiquant. C’est pourtant la seule solution pour qu’une révolte serve à quelque chose », conclut-il.

 Des jeunes plus pauvres, des riches plus riches

En 2020, le revenu moyen des jeunes de 20 à 25 ans a baissé de 5 à 10%, selon une étude du Conseil d’analyse économique. Dans Les Échos du 31 décembre, on a pu lire que 2020 a été « une année en or pour les milliardaires. Leur patrimoine a largement bénéficié de l’euphorie des bourses mondiales. En moyenne, les milliardaires ont vu leur fortune bondir de 14% cette année en Europe, de 25% en Amérique du Nord (…). Bernard Arnault dispose de la quatrième fortune mondiale avec un patrimoine estimé à 111 milliards de dollars ».

Tous les patrons n’amassent pas autant. Mais, « en 2019, la moitié des dirigeants des 120 plus grandes entreprises françaises ont été rémunérés plus de 3 millions d’euros par an », selon le cabinet de conseil aux actionnaires Proxinvest. En 2018, « leur salaire médian ressortait à 2,7 millions d’euros ». Ils ont touché une moyenne de 250 000€ par mois en 2019, une hausse mensuelle de 25 000€ sur 2018.

On est aux antipodes des 12€ mensuels nets concédés aux smicards en janvier 2021. Mais avec une grille de salaire de 1 à 4, comme le propose la Cgt, on pourrait aller vers un Smic à 1 800€ bruts et les jeunes seraient les premiers gagnants.

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