La crise sociale liée à la Covid-19 touche des milliers de personnes en France. Le patronat, aidé par le gouvernement, utilise ces événements pour porter atteinte aux libertés individuelles et collectives, renforcer l'exploitation des salariés, accentuer les inégalités et réduire la protection sociale...
Cette pandémie assortie du ralentissement de la production nationale va laisser encore plus de chômage, encore plus de misère et encore plus de pauvres !
Les associations d'aide aux démunis indiquent qu'un million supplémentaire de personnes ont d’ores et déjà basculé dans la pauvreté. Toutes les solutions bancales censées favoriser l'emploi, tels que l’auto entreprenariat, ont fait glisser ceux qui y ont cru en premier. Sans salaire, sans chômage, ils sont les fauchés du Covid.
Pendant ce temps-là, les entreprises du Cac40 se goinfrent et en profitent pour dégraisser les effectifs. Comme les pétroliers qui dégazent en pleine mer, ni vu ni connu ! Les plans sociaux fleurissent partout en France y compris dans les entreprises gavées d'aides publiques. Mais les dividendes des actionnaires sont préservés car ils garantissent, nous dit-on, les choix des investisseurs pour les entreprises françaises. Dans le climat d'angoisse maintenu par les médias, le Medef et le Gouvernement vont tenter d'attendrir les salariés pour leur faire accepter, par syndicats réformistes interposés, d'alléger encore le Code du Travail, pour mieux licencier. Les attaques seront sur tous les fronts : durée du travail, congés, salaires, conditions de travail et de télétravail, etc.
Ils se préparent aussi à donner le coup de grâce à notre protection sociale, pourtant, nous le voyons quotidiennement, seul rempart contre les inégalités.
Si nous ne voulons pas être dépouillés de tous nos acquis si durement gagnés, il nous faut être solidaires, actifs et retraités, salariés du public et du privé, ensemble, pour refuser de payer la dette contractée pendant cette crise. Lorsqu'Emmanuel Macron déclamait sa formule se voulant anti panique « nous prendrons en charge quoi qu'il en coûte », les Français, sous le coup de la sidération, n'avaient pas tous imaginé la forme que pourrait prendre la facture. Mais aujourd'hui, c'est plus clair. C'est en faisant supporter ces dépenses par la protection sociale que le président de la République envisage de la mettre en faillite. Le projet de loi du financement de la Sécurité sociale pour 2021, dont le texte vient d'être voté en catimini par les députés, prévoit un déficit de 44,5 milliards en 2020, contre 5,4 milliards initialement attendu, et 27,1 milliards d'euros en 2021.
Pour 2021-2022, ce déficit colossal que l'État refuse de financer sera supporté par la Sécurité sociale l'obligeant à faire des coupes sombres dans ses dépenses. Les assurés seraient alors « invités » à faire appel au secteur assuranciel pour financer leurs dépenses de santé. C'est une remise en cause des fondements universels de notre protection sociale, dont nous sommes si fiers, qui pourrait lui être fatale. C'est surtout le moyen de faire croire à la population que le système n'est pas fiable, qu'il faut donc le réformer profondément. CQFD. Les reformes dans le collimateur sont en premier lieu les retraites et l'assurance chômage.
C'est facile pour le Gouvernement de dépenser sans compter, ce n'est pas lui qui paie. Les dépenses liées à l'hôpital sont en fait dues aux restrictions budgétaires décidées précédemment pour se conformer aux concepts comptables de l'hôpital-entreprise.
Il faut rappeler que près de 100 000 lits ont été fermés depuis 30 ans. On voit où cela mène en matière de protection de la population. On ferme des lits de réanimation car la moyenne du taux d'occupation n'est pas suffisante, puis on en ouvre en catastrophe lors du premier confinement et on les referme car le sacro-saint taux de remplissage baisse. Et quand survient le deuxième confinement, il faut de nouveau les ouvrir en urgence. Quel gâchis, quel mépris pour la population et les personnels ! Pendant ce temps, les personnes âgées, prises au piège dans leurs Ehpad, meurent de la Covid en silence, car personne n'est autorisé à venir les visiter.
Difficile de croire que 326 députés approuvent la stratégie du Gouvernement concernant le système de santé et de protection sociale dans leur circonscription. Dans une France où la désertification médicale touche toutes les régions, alors que les services d'urgences sont le seul recours, ils proposent un forfait de 18€ pour chaque passage aux urgences non suivi d’hospitalisation. C’est, sanitairement, dangereux.
Devant l'ampleur des défis posés par la situation sanitaire pour 2021, des enseignements doivent être tirés. L'heure n'est plus au projet d'austérité pour la santé, les richesses produites doivent être consacrées au bien-être et à la vie.
Yolande Bachelier
Dossier Vie Nouvelle
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