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Repères › Economie du vieillissement

La société et ses vieux

En moins d’un siècle, l’espérance de vie des Français a progressé de plus de 30 ans. Aujourd’hui, un quart de la population a plus de 65 ans et la progression va se poursuivre. La crise sanitaire de ce printemps a mis en évidence l’absence d’empathie et de considération de nos élites envers les personnes âgées. Les carences des politiques suivies concernant cette partie importante de la population ont été mises à nues. Il est urgent d’imposer d’autres choix.

« On reconnaît le degré de civilisation d’une société à la place qu’elle accorde à ses personnes âgées. » Simone de Beauvoir.

Sois vieux et tais-toi !

Vous avez plus de 70 ans, tous aux abris et restez-y… longtemps ! Voilà le scénario auquel ont échappé de peu les 10,6 millions de Français. Il a fallu un vent de révolte de septuagénaires - certains célèbres - récusant cette infantilisation méprisante, pour qu’il soit abandonné.

Les plus fragiles ou plus âgés d’entre eux, confinés dans les Ehpad, n’ont malheureusement pas pu l’éviter. Au prétexte de les préserver du virus, mais surtout parce que les moyens manquaient pour les protéger, ils ont été cloîtrés, malades ou pas, privés de sorties et du seul bonheur qu’il leur reste, la visite de leurs proches.

Après des décennies de décisions politiques catastrophiques, nos hôpitaux, sinistrés, étaient dans l’incapacité de faire face au flot des malades atteints du Covid-19. Il a donc été décidé de laisser mourir les vieux dans leurs Ehpad. Plus de 10 000 y ont laissé leur vie durant le confinement.
Priver aussi drastiquement les plus âgés de leurs libertés a choqué et continue de choquer tous ceux pour qui respecter la personne humaine n’est pas qu’un slogan. Bien sûr qu’il fallait les protéger avec des précautions sanitaires adaptées, mais comme pour tous les autres citoyens ! Le confinement, tel qu’il a été imposé aux résidents des Ehpad, s’est révélé particulièrement inhumain.

Quand vient le temps des cheveux blancs

Le Comité national d’éthique déplore, dans un rapport, que les personnes âgées soient traitées comme des incapables, même quand aucune altération de leurs facultés mentales n’est avérée.

N’en déplaise aux racistes anti-vieux, vieillesse n’est pas synonyme de gâtisme ! À 90 ans, on peut avoir une meilleure réflexion qu’un « jeune » de 30 ou 40 ans ! Le « Indignez-vous » de Stéphane Hessel, écrit alors qu’il avait 90 ans, l’a démontré.

Être âgé n’interdit pas d’être en capacité de prendre des décisions pour le présent et de faire des projets de vie pour le futur. Les personnes souffrant de troubles cognitifs ou de désorientation doivent bien évidemment être protégées et leurs capacités de décider encadrées, mais ces problèmes de santé mentale ne sont pas tous inhérents à l’âge.

Pour certains de nos théoriciens, les vieux sont une charge pour la société et la fragilité des plus âgés assimilée à de la déficience. Trop souvent, leur est dénié le droit de décider de leurs choix de vie, quand bien même ils en ont la capacité. Trop vieux, trop gâteux !

Des citoyens jusqu’au bout !

Autrefois, ils avaient la courtoisie de ne pas s’attarder trop longtemps sur cette terre. Aujourd’hui, ils jouent les prolongations et, dans notre société libérale, dite moderne, toutes les vies n’ont pas la même valeur. Seuls les économiquement utiles sont considérés comme citoyens à part entière. D’aucuns l’ont exprimé avec cynisme durant cette crise sanitaire. Pour Emmanuel Todd : « On ne peut pas sacrifier la vie des jeunes et des actifs pour sauver les vieux ». Et Christian Barbier a déclaré : « À un moment donné, pour sauver quelques vies de personnes très âgées, on va mettre des milliers de gens au chômage ? La vie n’a pas de prix. Mais elle a un coût pour l’économie. »
On vieillit dès que l’on naît et la vieillesse, dernière phase de la vie, est une partie intégrante de ce processus. Respecter l’être humain, à tous les âges de sa vie, doit être l’honneur d’une société et la marque d’une civilisation avancée.

Hélène Salaün

Crédit photo : © stock.adobe.com-JVuk Saric


Effets du Covid-19 à long terme

Aujourd'hui, nous ne pouvons pas encore mesurer l'ampleur des conséquences du sur-confinement imposé aux personnes âgées et fragiles : être privé d'aller faire ses courses chaque jour, alors que cette sortie permettait de garder une activité physique minimum pour faire fonctionner ses muscles, son équilibre, ses capacités cognitives ; n'avoir comme interlocuteur que la télé anxiogène ; être privé des manifestations d'amour ou d'amitié de ses proches ; ne plus pouvoir dialoguer. Toutes les conditions sont réunies pour un vieillissement prématurité.

Certains vont pouvoir se refaire, d'autres non. L'équilibre psychomoteur des personnes fragiles est constitué de tous ces éléments. Une perturbation aussi importante dans le quotidien peut le détruire avec une grande difficulté à le récupérer. Les muscles atrophiés de ne pas avoir été sollicités mettent longtemps à retrouver leur volume et leur fonctionnalité, alors que de leur tonicité dépend l’équilibre permettant d'éviter les chutes. Un virus à effet retard ! Yolande Bachelier


 

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