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Pauline Bureau. Un théâtre engagé

Avec deux piécettes tirées d'entretiens avec des femmes de Sevran, « Mon cœur » sur le scandale du Médiator et « Hors la loi » autour du procès de Bobigny de 1972, Pauline Bureau met en scène des pièces ancrées dans la réalité.

En mars dernier, dans le centre de formation d'apprentis, le Cifac, à Caen(14) on pouvait assister à « Cet été » et « La rencontre », deux courtes pièces tirées des témoignages d'habitantes de Sevran (93), mises en scène par Pauline Bureau. Les élèves de 2ème année de CAP coiffure, en majorité des filles, s'installent dans la salle où les chaises sont disposées en arc de cercle ; certaines sont invitées à s'asseoir à côté des deux comédiennes qui font face. Les ados, un brin intimidées, se donnent un air récalcitrant pour faire bonne figure.

« Je suis maman de deux enfants. De quatre ans et demi, et le petit de deux ans. Avant, j'étais coiffeuse. Et après, quand j'ai rencontré mon mari, j'ai arrêté la coiffure, il ne voulait pas que je travaille. Il m'a dit que c'est lui qui va assumer. » Sitôt le premier récit entamé sur le ton de la confidence, les élèves sont captivées : un mari violent qui
boit de plus en plus, un cancer du sein, la difficulté à divorcer, les versements de la Caf et les premières vacances en club... La comédienne (Sonia Floire) fait des pauses pour boire un peu d'eau ou montrer un album photo pour mieux rythmer sa confession pas facile à délivrer.

L'empathie à l’œuvre

Même chose avec le second témoignage. Cette fois, c'est celui d'une directrice de crèche (campée par Sabrina Baldassarra) qui accueille tous les enfants, handicapés ou non. Outre la richesse et la difficulté de son métier, elle va confier son embarras face à une enfant fragile qui la renvoie à sa propre peur de maman de jumelles prématurées. Hésitations, sanglots qui montent, le récit est fort. Les comédiennes sont criantes de vérité et l'émotion des jeunes spectatrices est palpable.

À la fin de la représentation, les apprenties coiffeuses félicitent les actrices, l'une confondant les comédiennes et les personnages réels, une autre, particulièrement remuée par le premier récit, les remerciant chaleureusement. Produites par la compagnie La part des anges, les confessions des habitantes de Sevran circulent ainsi dans les appartements, les lycées, les maisons de retraite, voire les prisons. Singuliers, ces parcours de femmes n'en sont pas moins universels et c'est la force de la démarche que de les livrer à des publics éloignés des salles de spectacle.

Au cœur des scandales

Quand en 2014, Pauline Bureau entend le docteur Irène Frachon à la radio raconter son combat pour rendre justice aux victimes du Médiator, un coupe-faim commercialisé par le laboratoire Servier aux effets très nocifs, voire mortels, elle décide d'en rendre compte sur les planches. Elle rencontre alors la pneumologue du CHU de Brest qui la met en contact avec les malades et la metteuse en scène sillonne la France pour les interviewer. Elle en tire une pièce de théâtre : « Mon cœur ».

Grâce à cette pièce dont on a pu voir une adaptation pour la télé, le scandale du Médiator prend visage humain à travers l'histoire d'une femme, Claire Tabard, qui contient un peu de chacune des personnes rencontrées. On suit la descente aux enfers de Claire (campée avec brio par Marie Nicolle) dès la trentaine : ses premiers essoufflements, son opération à cœur ouvert, la difficulté de s'occuper de son enfant, la perte de son travail, l'abandon de son compagnon... On prend aussi la mesure de l'incroyable bataille menée par Irène Frachon (génialement jouée par Catherine Vinatier) et ses patientes contre le puissant groupe Servier et la complaisance de l'Agence du médicament, quand les expertises questionnent sans relâche l'intimité des victimes.

Le théâtre de Pauline Bureau s'inscrit ainsi dans une démarche citoyenne en mettant en scène des faits de société. On la retrouvera assurément dans son prochain spectacle, « Hors la loi », qui reviendra sur une autre affaire qui défraya l'actualité : celui du procès de Bobigny en 1972. On suivra un autre combat, celui de l'avocate Gisèle Halimi, prenant la défense de Marie-Claire, 16 ans, qui a avorté clandestinement et qui dénonça l'injustice de la loi de 1920. À l'heure où certains veulent remettre en cause la loi Veil de 1975 et la légalisation de l'avortement, on ne peut qu'applaudir cette nouvelle création.

Amélie Meffre

Photo : © Pierre Grobois
Avec « Mon cœur », Pauline Bureau retrace le scandale du médiator. Une pièce écrite à partir du témoignage de malades.

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