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Le grand show national d’un président impopulaire

Il fallait une bonne dose de cynisme pour faire d’un débat censé répondre à la colère du pays, une défense laborieuse de sa politique, des heures durant et tous médias mobilisés. Emmanuel Macron l’a fait. En évitant les questions qui contestent sa politique. Cela suffira t-il ?

Les retraités manifestaient de façon unitaire dès la rentrée contre la hausse de la CSG et poursuivaient leur mobilisation malgré les rejets successifs de leurs demandes d’audience. L’augmentation du prix des carburants déclenchait une vague de manifestations de gilets jaunes et se transformaient très vite en une contestation générale de la politique du président et de son gouvernement. Ni la répression, d’une sauvagerie rarement atteinte, ni l’instrumentalisation des violences perpétrées par une minorité de gilets jaunes, n’ont eu raison de la colère des manifestants et du soutien d’une large majorité de la population.

Face à la colère, un débat manipulé

Il fallait trouver une réponse à l’exaspération. Ce fut « le grand débat national » encadré par une Lettre du président aux Français qui ne laisse aucune place à des solutions autres que celles préconisées par Emmanuel Macron. Ce débat qui aurait dû être organisé par la Commission nationale du débat public, présidée par Chantal Jouano, l’est finalement par l’Elysée, après la mise à l’écart de sa présidente…Il s’en suivit une succession de réunions du président « en bras de chemise » avec les élus locaux, qu’il avait ignorés jusque là, copieusement filmées et diffusées en direct et en différé sur la plupart des chaînes de télévision et de radios.

Sur internet aussi le débat est sous contrôle

Une plateforme de débat est mise en place sur internet, assortie d’un questionnaire, un questionnaire caricatural. Un exemple : « Afin de réduire le déficit de la France, qui dépense plus qu’elle ne gagne, pensez-vous qu’il faut : 1) réduire la dépense publique, 2) augmenter les impôts, 3) les deux à la fois » !

Cela n’a pas empêché plus d’un million de personnes de consigner leurs revendications. L’Elysée a alors décidé, afin de « dégager les thèmes essentiels » de sélectionner par tirage au sort 100 personnes qui détermineront ce qui leur paraît important de retenir.

Les doléances qui dérangent

Mais à l’initiative de l’Association des Maires Ruraux de France (AMRF) près de 10 000 communes ouvraient des cahiers de doléances dans les mairies et organisaient des débats, souvent en respectant le cadre fixé par la Lettre du président.

Mais voilà, les cahiers de doléances se sont rapidement remplis et les revendications exprimées ne correspondent pas, loin s’en faut aux limites imposées par le président.

Trois thèmes arrivent largement en tête: la justice sociale (17,2 %), la justice fiscale (14,3 %) et l'organisation politique et territoriale (14 %). Thèmes que le président s’était gardé de mettre en discussion, affirmant qu’il n’était pas question de rétablir l’impôt de solidarité sur la fortune et en pratiquant une sorte de chantage : mesures sociales contre réduction des dépenses publiques, amélioration de certains services publics contre la suppression d’autres services.

La CGT de son côté refusait de cautionner les « débats Macron » et engageait une campagne de débats sous le thème « Le débat on va se le faire ».

Et maintenant ? La mobilisation continue !

Il paraît, selon des sondages assez largement contestés, que la côte de popularité du président remonte…de 26 à 30 %, ce qui laisse 70 % de Français toujours aussi mécontents de sa politique.
Mais le plus dur est à venir pour Emmanuel Macron. Que va-t-il bien pouvoir répondre aux exigences exprimées dans ce débat auquel il a été contraint et malgré les efforts qu’il a produit pour en détourner le sens et la portée ?

Le mouvement des gilets jaunes se poursuit avec une détermination qui ne se dément pas, la CGT, FO, Solidaires, l'UNEF et la l'UNL appellent à une journée d’actions et de grèves le 19 mars et les 9 organisations de retraités préparent « Un printemps des retraité-e-s » avec une journée particulière de manifestations dans tout le pays le 11 avril. Le « grand débat » du président se termine le 23 mars, le dépouillement des doléances va devoir se faire.

Mais cela se fera sous la vigilance et la pression de toutes les actions engagées depuis la rentrée et qui se poursuivront, car ni les salariés, ni les retraités n’ont l’intention d’en rester là. Ils veulent pouvoir vivre de leur travail et de leur retraite. Et c’est parfaitement possible dans une France riche des produits de leur travail. Emmanuel Macron, son gouvernement et le patronat qui font semblant d’écouter devront l’entendre !

Pascal Santoni

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