En ce temps de grosse chaleur, revenons sur l’un des méfaits commis par le président par qui le scandale Benalla empoisonne la vie et la démocratie du pays : les conséquences de la réforme des cheminots. En France, le rail assure 11% des acheminements pour seulement 2% des émissions de CO2 imputables aux transports. C’est de loin le meilleur atout pour freiner les pollutions.
Voilà 30 mois, la conférence de Paris promettait de diviser par quatre les émissions de CO2 pour freiner le réchauffement climatique. Mais cette préoccupation est absente de la réforme de la SNCF visant à introduire de la concurrence sur les lignes présumées rentables et laisser les autres à la charge des régions.
Le premier argument avancé par le gouvernement pour casser la SNCF fait état d’une directive européenne sur la mise en concurrence et la privatisation de la SNCF. Mais on sait que ces directives sont préparées par des lobbyistes pour le compte d’entreprises privées qui souhaitent faire du transport sur quelques lignes rentables.
Didier Le Reste, anciensecrétaire général de la fédération des cheminots CGT, est intervenu, le 14 novembre 2012 devant le conseil d’orientation du Groupement des autorités responsables des transports (GART),expliquant « qu’on ne met pas un mur entre le rail et la roue du train, comme cela a été fait en Angleterre avec la privatisation de British Rail». Une privatisation critiquée en 2011 dans un rapport de Sir Mac Nulty, l’ancien ministre des Transports de Tony Blair.
Secrétaire général des cheminots CGT au momentde la grève de1995 qui fit reculer Alain Juppé, Bernard Thibault notait, de son côté, dans une tribune publiée dans le Monde du 5 avril, que « déjà en 1995, le travail d’un cheminot sur quatre servait à payer les intérêts d’une dette contractée pour construire des lignes TGV que l’État commandait mais refusait de payer directement ». Il ajoutait que « la SNCF a, au fil des ans, créé 1 300 filiales, dont beaucoup concurrencent le rail et sont déficitaires ».
Et Bernard Thibault de poser ces questions que les ministres et trop de journalistes omettent d’évoquer : « Les Français sont-ils satisfaits que 9 tonnes de marchandises sur 10 circulent sur les routes ? Sont-ils informés que si rien ne change, il faudra se préparer à un doublement du nombre des camions d’ici 2050 ?»
On le voit, la bataille des cheminots, dont la CGT est une force motrice, vise aussi à laisser une planète vivable aux générations futures.
Gérard Le Puill
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis